SOPK: en parler ou pas? et à qui?
Je suis la première à conseiller à mes ami(e)s de parler de leurs problèmes à quelqu'un, de ne pas rester seules avec un poids qui les étouffe...
Le cordonnier étant le plus mal chaussé, j'ai décidé de ne parler de mon SOPK à personne en dehors bien sur de mon chéri (impossible pour moi de concevoir ce type de secrets dans un couple)
Paradoxal non?
Plein de choses me donnent parfois envie de crier que je suis malade: les regards mal placés/ les remarques sur ma pilosité, mes cheveux, mon acné, les gens qui demandent "alors vous le faites quand ce bébé?", ceux qui pensent que si je ne me baigne pas avec eux c'est parce que je les snobe, alors que c'est parce que je ne peux pas rester joliment épilée plus de 2 jours de suite, et ceux qui ne comprennent pas que je peux avoir une raison valable d'aller mal parfois, et qui se disent que je fais surement une montagne d'un rien puisqu'à leur connaissance j'ai une vie de rêve... Mais l'envie de leur jeter mon problème à la figure est vite calmée quand j'imagine ce qui se passera ensuite... Voila la liste des raisons qui m'ont poussé chaque jour à refuser de faire part de mon état:
- L'inquiétude de la famille proche et des amis: Je les connais, ça panique pour un rien... si je peux leur éviter une angoisse de plus, autant le faire.
- La compassion/pitié: C'est mon orgueil qui parle, je n'aime pas que les gens me regardent en se disant "oh ma pauvre", même sincèrement, même si je sais que c'est de leur part une manifestation du soutien qu'ils me portent... je dois être un peu ingrate ^^
- La condescendance: qui elle me met hors de moi, car elle ajoute du mépris et de l'hypocrisie à la situation précédente.
- Le bouche à oreille: j'ai pas envie de voir ma vie privée alimenter les conversations de tout le monde et surtout être déformé à chaque intermédiaire"tu sais pas quoi, ben machine, la pauvre, il parait que blablablablabla"...
- Les questions sur la maladie, plus ou moins malsaines. J'ai pas envie de décrire des dizaines de fois le fonctionnement de mes hormones et de me retrouver face à des réponses du genre "ah oui, c'est pour ça que t'as de la moustache" (déjà vécu, dans un autre contexte où je justifiais ma visite chez l'endocrino en disant que je changeais de pilule parce qu'elle me posait un souci hormonal).
- Les gens qui auront des solutions toutes faites / qui penseront qu'ils vont m'apprendre des solutions: "ben moi j'ai la cousine d'une copine, elle est tombée enceinte le jour ou elle a arrêté d'y penser" (variante: le jour où elle pris un chien), "toute façon c'est dans la tête que ça se passe", "de toute façon tu peux toujours adopter", "t'es encore jeune", "j'ai vu à la télé que..."
J'ai pas vraiment envie de perdre mon temps à leur expliquer 1) que j'ai pas encore commencé d'essais donc que j'ai pas forcément envie de parler de ça, au contraire je m'interdis d'y penser tous les jours. 2) que j'ai internet chez moi et que je sais m'en servir pour me renseigner, et que quand je m'y mettrai je serai de toute façon suivie par un médecin qui lui sait de quoi il parle bien mieux qu'eux ou moi. - Les gens qui prendront des nouvelles: à chaque fois que je les vois "alors, ton problème de stérilité, vous en êtes où?", ... à chaque fois ça m'obligera à repenser à ma maladie alors que je fais tout pour la chasser de mon esprit.
Je sais que c'est ingrat de refuser la main tendue, la sollicitude et les conseils de mes amis ou mon entourage, mais pour l'instant j'ai envie et besoin de porter mon fardeau seule. Je saurai sentir le moment où ça sera trop lourd pour moi et où j'aurai besoin d'en parler, le soutien de mon homme et ce blog "exutoire" me suffisent largement aujourd'hui.
- Mais la raison la plus valable, j'en suis sure, elle vient de moi-même. Si je parle aux autres de ma maladie, je la rends réelle. Elle devient vraie... En me taisant, lorsqu'un jour j'aurai un enfant, je pourrai faire comme si l'infertilité n'avait jamais existé, comme si je n'avais pas eu à affronter, en pleine adolescence, le fait de n'avoir mes règles qu'une fois par an,... puisque ça n'existera que dans ma mémoire à moi. En cachant ça aux autres, je me mens à moi-même et ça m'évite de faire face à la situation. Je fuis pour me défendre, et ça marche plutôt bien!
En revanche, je sais que ce n'est pas très malin de tout porter toute seule... donc je continue, en bon cordonnier, à conseiller à toutes celles qui me lisent de se confier: à leur compagnon, à un(e) ami(e) très proche en qui ils ont confiance, dans un forum, ...